À Max Buchon.

7 novembre 1863.

Je vous remercie, monsieur. Je vous dois la révélation de mon pays natal. Dans ces quelques pages charmantes, vous m’avez fait connaître la Franche-Comté. Je l’aime, cette vieille terre à la fois française et espagnole. Je n’ai guère fait qu’y naître, et elle m’est aujourd’hui fermée comme le reste de ma patrie. Je vous remercie de me l’avoir envoyée dans ce doux petit livre. Je la vois dans vos vers frais, vivants et vrais. Je vois le village, la prairie, la ferme, le bétail, le paysan, et aussi, ce qui est le vrai but du poëte, le dedans des cœurs. Dans ma solitude un peu âpre, sur mon rocher, dans mon tourbillon, face à face avec le sombre ciel d’hiver, côte à côte avec cet Océan qui est le plus redoutable des mécontents, vous m’avez fait vivre quelques heures d’une vie aimable. Je vous rends grâces, poëte.

Victor Hugo.

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