À Émile de Girardin.

Hauteville-House, 2 avril 1863.

Les bruits de vous autres vivants m’arrivent tard dans ma solitude, mais finissent par m’arriver.

J’apprends que, dans un banquet de la Presse, vous avez, courageusement, évoqué les absents, et qu’en un toast de la plus noble éloquence, vous avez associé mon souvenir au souvenir de la liberté.

La liberté ne rentrera pas sous ce régime ; il la craint, et il a raison : la liberté a bonne mémoire et aucune cohabitation n’est possible entre elle et ce gouvernement né d’un crime brusque, le coup d’état, et maintenu par un crime continu, le despotisme. Je n’ai donc pas vos espérances, et d’un autre côté il est probable que mes espérances vous sembleraient illusions ; mais nous communions, vous et moi, dans le dévouement au progrès et à cette liberté irréductible, la vaincue d’aujourd’hui, la victorieuse de demain.

Cher grand penseur, je vous remercie et je vous serre la main.

{d|Victor Hugo.|3}}

Voulez-vous me permettre de contresigner ici tout ce qu’Auguste Vacquerie vous a dit ou vous dira d’un courageux et brillant écrivain de la jeune génération, M. Mario Proth. Il est digne de figurer comme collaborateur dans

ces colonnes qu’illustre et illumine votre puissant esprit.

Share on Twitter Share on Facebook