À Maxime Lalanne.

Hauteville-House, 26 novembre 1863.

Monsieur,

La manière dont j’ai quitté Paris il y a douze ans ressemblait un peu à un naufrage ; j’en ai sauvé quelques épaves que j’ai arrangées de mon mieux autour de moi dans ma maison de Guernesey. C’est de ce modeste arrangement que vous avez fait un chef-d’œuvre. Vos douze admirables eaux-fortes sont tout un petit poëme où ma maison m’apparaît comme transfigurée. Rien pourtant n’est plus exact, et la ressemblance est extrême, mais telle est la puissance de l’art et tel est le talent de l’artiste que mon cottage me semble à moi-même presque un palais. En regardant vos magnifiques estampes à la fois si vigoureuses et si délicates, je me retrouve chez moi en même temps que je me sens chez vous. Il me semble que vous donnez l’hospitalité à ma maison. Vous l’introduisez dans l’art. Permettez-moi, monsieur, d’oublier qu’il s’agit de moi, et d’applaudir avec le public.

Recevez, je vous prie, l’assurance de mes sentiments très distingués.

Victor Hugo.

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