À Auguste Vacquerie

H.-H. 2 mai [1864].

Cher Auguste, lisez cette lettre adressée à Janin, et envoyez-la si vous pensez qu’il la prendra comme je l’écris, c’est-à-dire de tout cœur. Je sens l’embarras où le jettent ces pauvres passions envieuses de l’Académie, et je voudrais le mettre à l’aise de mon côté du moins. Je lui demande donc de ne plus parler de moi. Si vous êtes d’avis qu’il pénétrera bien ce qu’il y a d’affectueux et de cordial dans ma pensée, transmettez-lui ma lettre, sinon brûlez-la. Ici comme en toute chose, je trouverai bon ce que votre exquis jugement aura décidé. Je vous dis comme Cicéron à Atticus : rectius me mea vides.

Guérin m’écrit qu’on commence à songer à la réimpression. Voudrez-vous vous souvenir que la dédicace doit être en deux alinéas, le premier alinéa finissant au mot Poëte. Je recommande aussi que le prospectus de la traduction de Victor soit cousu et broché avec le livre, et non feuille volante comme on l’a fait. C’est vous qui avez eu l’idée du prospectus cousu, ne permettez pas qu’on l’élude. La première chose qu’on fait, c’est de jeter ce prospectus volant, et par conséquent gênant, or, je veux servir Victor par tous les moyens, et l’adhérence, imaginée par vous, du prospectus au livre, est un des meilleurs. Je vous enverrai pour la réimpression quelques petits redressements de texte ou de fautes d’impression. Il y en a extrêmement peu. On sent que vous êtes là, veillant.

À vous. Con todo mi fuerza.

V.

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