À Hippolyte Lucas.

Hauteville-House, 29 janvier 1864.

Je viens de relire, mon cher confrère, votre gracieux volume. Vos Heures d’amour sont amies des heures d’exil.

Vous rendez-vous compte que vous êtes un charmant poëte, pas racinien du tout ? Il y a en vous un critique du dix-septième siècle, mais heureusement il y a aussi un poëte du dix-neuvième. Si l’on en croyait le critique, on n’achèterait pas le poëte, et les Heures d’amour n’en seraient pas à leur quatrième édition. Mais vous avez le bonheur d’être plus fort comme homme de l’avenir que comme champion du passé, et vos vers, cher poëte, triomphent de vos doctrines. Vous serez puni par le succès. C’est bien fait ! Ah ! vous voulez relever de Boileau et de Le Batteux en critique ? Eh bien, votre poésie se révolte contre vous et vous bat. Elle ne relève, elle, que de l’éternelle nature. Elle a la grâce et le charme. Elle est délicate et forte. Elle pense et elle aime. Dites-en pis que pendre à présent. Elle s’en fiche pas mal !

Merci de vos bonnes photographies. Vous êtes étonnant, vous : vous gardez vos cheveux noirs !

V.

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