À Monsieur Chassin, Rédacteur en chef de la Démocratie.

Hauteville-House [mars 1868].

Mon éloquent et cher confrère,

J’ai, vous le savez, déclaré publiquement que je ne coopérerais à aucun journal politique en France, tant que la liberté de la presse n’y serait pas aussi complète qu’en Amérique ou en Angleterre.

Cette heure est loin d’être venue. Je suis donc forcé de m’abstenir.

L’exil, surtout lorsqu’il est volontaire, doit se rester fidèle à lui-même, et vous l’approuvez certainement.

Mais s’abstenir, ce n’est point abdiquer. Je vous envoie ma vive et cordiale adhésion. J’applaudis en vous l’homme de foi et l’homme de talent.

Un grand succès attend votre journal. Vous êtes de ceux qui veulent le progrès tout entier, et qui ont pour point de départ deux grandes dates :

1789, c’est-à-dire la révolution dans les principes ;

1830, c’est-à-dire la révolution dans les idées.

Je vous crie : courage ! et je vous serre la main.

Victor Hugo.

Ancien représentant du peuple (Seine).

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