à Auguste Vacquerie.

H-H, 3 janvier.

ô cher Auguste,

le triomphateur, c’est vous. Le beau livre, c’est le vôtre. Je rêve, je travaille, et je vous lis, voilà comment je fais pour me passer de vous ; j’ai un bon moyen de supporter votre absence, j’ai découvert que vous étiez présent dans votre livre. Présence réelle, celle-là. Cependant, en disant ceci, je fais bonne mine à mauvais jeu. Au fond, je suis triste. Si je vous manque un peu, vous me manquez beaucoup. Paris d’ailleurs n’est remplacé par rien, pas même par l’océan. Ce qui me cloue ici, c’est la nécessité de ne pas m’en aller de cette vie sans avoir fait tout mon devoir, et complété mon œuvre le plus possible. Un mois de travail ici vaut un an de travail à Paris. C’est pourquoi je me condamne à l’exil. Et je songe à vous, et à mon Victor qui se rétablirait, je crois, mieux ici, et à mes chers petits, ces rayons de mon âme. -aimez-moi toujours un peu, cher ami, cher frère, cher maître ; quel beau rappel vous nous faites ! Mme Drouet embrasse Mesdames Lefèvre. Mettez à leurs pieds mes tendres respects.

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