à Raoul Lafagette.

Hauteville-House, 7 juillet.

Mon cher poëte,

j’étais absorbé par ce travail que les anciens appelaient improbus , et vous êtes de ceux auxquels on doit toute sa pensée quand on les lit ; de là mon long silence. Enfin j’ai été libre et je vous ai lu. Votre livre est robuste et charmant ; un souffle de justice et de vérité le traverse d’un bout à l’autre ; vous voyez la nature par ce grand côté, la volupté ; c’est le droit de votre jeunesse. Nous autres, dont la vie et l’épreuve ont fait des philosophes, nous acceptons ce rayon de lumière qui vous éblouit, mais nous voulons aussi l’autre rayon, le mystère. Le mystère est une lumière. Comme la joie. Il est l’autre aspect de l’amour. L’amour est voluptueux, oui, mais il est mystérieux. De là son immensité. Vous m’avez adressé de bien beaux vers. Tout votre livre est un hymne éclatant. Courage. Je salue votre jeune et noble esprit.

Victor Hugo.

Share on Twitter Share on Facebook