À Auguste Vacquerie.

H.-H., 23 mai.

Cher Auguste, je passe ma vie à vous donner des commissions. Cette fois vous m’excuserez et vous m’approuverez. Dans l’Homme qui Rit, j’ai, par mistake, attribué à Henriette d’Angleterre la poule que vit en songe Louise de Gonzague, la palatine. Deschanel, en termes charmants du reste, m’a écrit pour me rappeler le fait exact. Mais en même temps j’ai lu dans le Phare de la Loire qu’à Nantes, dans une conférence sur moi, il avait déclaré que le Témoin de sa vie était un livre, non de ma femme, mais de moi. Sur ce, je lui réponds. Voici ma lettre. Voulez-vous la lire, puis la lui envoyer. Il demeure rue de Penthièvre, mais je ne sais pas son numéro.

Donc le Rappel tire à 50 000 ! c’est énorme ! Aussi quel talent partout ! Votre mannequin rouge est simplement superbe. C’est la raison élevant la raillerie à la plus haute puissance. Moi, je suis la triste victime du metteur en page dont je demande simplement la caboche, car ce ne doit pas être une tête. Dans le même numéro où est votre ravissant mannequin rouge, je naufrage en plein feuilleton. Une transposition de vingt ou trente lignes produit un gâchis inénarrable et fait sortir de la mer (avant-dernière colonne, ligne 5) une biche extraordinaire. Lisez. Mais que doit penser le pauvre public, et que devient le pauvre livre ? 300 000 lecteurs déroutés et mystifiés.

Je ne reçois plus le Figaro ni le Gaulois. On me fait faire pénitence du succès du Rappel. Si notre cher Émile Allix persiste dans sa bonne pensée de m’envoyer les journaux qui m’intéressent (chose que vous aussi faites si souvent) voulez-vous lui dire qu’il joigne à sa liste, pour les éventualités, le Figaro et le Gaulois.

Je vous fais envoyer un article très remarquable de M. Petruccelli della Gattina sur l’Homme qui Rit. C’est dommage qu’il soit en italien. Vous auriez pu en faire citer quelques lignes. M. della Gattina est un homme très distingué, collaborateur de M. Claretie ; il a fait sur les papes un livre excellent. Comme Mazzini, il écrit très bien en français.

Une lettre de Meurice m’arrive à l’instant. Voudrez-vous lui dire que je lui répondrai demain. Je n’ai plus que la place de vous embrasser de tout mon cœur.

V.

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