à Auguste Vacquerie.

H-H, 20 janvier. Si je vous remerciais, je vous écrirais toutes les semaines, si je vous félicitais, je vous écrirais tous les jours. Pourtant je veux vous dire qu’en rappelant un de mes discours dans un de vos plus beaux articles, vous m’avez charmé. Quelle belle guerre vous faites dans le rappel . Une page de vous, c’est la vérité en pleine lumière, on ne sait quoi d’ironique et de fier dans la plénitude du bon sens supérieur, c’est de la haute politique et de la haute raison. Vous devriez peut-être dire un mot (affectueux) à Paul Foucher. le rappel, radical en politique avec vous, est doctrinaire avec lui en littérature. Gustave Planche un critique intelligent ! à quand Sarcey ? — Paul Foucher passe sa vie à plaider mes circonstances atténuantes. Naturellement cela fait dire : pour qu’un parent si proche soit si tiède, il faut que ce Victor Hugo soit un bien grand criminel littéraire ! Il embrouille une chose très nettement racontée par ma femme. C’est à propos de ma pension élevée de 2000 à 6000 fr, comme dédommagement à moi offert par Charles X pour l’interdit de Marion De Lorme . Voici le fait. Ma femme et Sainte-Beuve étaient dans mon cabinet quand une lettre du ministre de l’intérieur La Bourdonnaye m’arriva. J’ouvris la lettre. C’était l’annonce des 6000 fr de pension. Je tendis la lettre à ma femme et à Sainte-Beuve et je leur dis : lisez. Puis je pris une plume et je me mis à écrire sur la première feuille de papier qui me tomba sous la main. Ils lisaient pendant que j’écrivais, et tous deux gardaient le silence. Je signai, et je posai la plume. Sainte-Beuve me demanda : -qu’allez-vous répondre ? Je lui dis : — ceci. Et je lui tendis ce que je venais d’écrire. C’était la lettre de refus. C’est aussi simple que cela. Paul Foucher embrouille bizarrement ce fait si précis. Je ne crois pas du reste que cela vaille la peine de rectifier. — mais conseillez-lui de se rapprocher un peu plus du rappel , sinon dans sa politique, au moins dans sa littérature. Cher Auguste, cher ami, cher maître, je vous confie Lucrèce Borgia . à vous. ex imo.

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