À Auguste Vacquerie.

H.-H., dimanche 7 mars.

Cher Auguste, ce que vous désirez est dit ou indiqué dans plusieurs endroits, un peu partout ; il y a, en outre, dans le 4e volume, un chapitre intitulé Impartialité où vous verrez beaucoup de choses neuves sur les rapports de la royauté avec les lords et sur le désir réciproque de s’humilier. Mais n’importe. Ce qui est utile à dire gagne à être dit une fois de plus, et, comme toujours, je vous donne raison. Donc j’intercale un alinéa dans le chapitre Ce qui erre ne se trompe pas. Je vous envoie ci-inclus ce paragraphe avec indication très précise de l’endroit où il doit être placé. Voulez-vous être assez bon pour vous en charger ? Esto salus nostra. (À propos, vous refusez mes profils et grimaces, vous ne voulez pas de mes effigies impériales, vous entendez payer l’affranchissement de mes lettres, vous voulez m’humilier de vos bienfaits. J’accepte.)

M. Lacroix doit avoir le 4e volume depuis le 3 ou le 4. Il m’avait en effet demandé en toute hâte, et courrier par courrier, la préface sans me dire pourquoi. Je n’ai pas compris, et j’ai eu le flair de ne la lui point envoyer. J’attendrai maintenant qu’il m’explique son idée. Si vous le voyez, priez-le de m’en faire part. Sa réticence est singulière, et m’étonne. Cron est dans Brantôme et veut dire contrefait, voûté. C’est une extension de l’anglais crone, vieille femme. Ces pauvres vieilles femmes, comme on abuse d’elles ! Quelle insolence qu’anus! Du reste cron est mieux qu’anglais, il est grec. χρονος. Senex morosus et malejicus. C’est un des noms de Saturne.

J’ai donné hier à déjeuner à un brave jeune homme que vous connaissez un peu et qui vous admire beaucoup, M. Van Heddighem. Il est charmant et doux. Il a choisi la pleine tempête et le plein hiver pour venir me voir. — J’avais par mégarde mis Néron au lieu d’Héliogabale dans le water closet. Meurice m’a signalé le lapsus. Je l’ai prié de faire faire un carton pour cela, si la feuille est tirée. Voulez-vous être assez bon pour le lui rappeler. Ce carton importe. — Vous voulez bien faire à mon livre l’honneur d’y inscrire vos œuvres, vous acceptez une de mes couvertures, vous et Meurice, je vous remercie. — Charles est-il encore à Paris ? Voulez-vous lui dire de ma part de remettre à M. Lacroix son catalogue personnel pour la couverture qu’il partage avec Victor. Que de choses j’aurais encore à vous dire ! Comme je suis content de votre contentement ! Ce quatrième volume n’y gâtera rien. Vous verrez. Mais à quand Faust ?

Tu us ex profundo.

V.

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