À Alexandre Weill.

Hauteville-House, 6 mars.

Vous me gardez, monsieur, un peu de souvenir et j’en suis touché ; je vous remercie de me faire lire les choses toujours substantielles et fortes qui sortent de votre esprit. Nous sommes à la fois, vous et moi, en désaccord profond et en accord mystérieux ; il y a en dehors de la terre et de l’homme des horizons où nos esprits pénètrent et se rencontrent. Je suis comme vous de ceux qui « croyant en Dieu, se considèrent comme œuvre créée uniquement pour glorifier le Créateur ». La solitude sévère où je vis et où je sens que je mourrai n’admet pas d’autres pensées. Je suis composé d’un Hélas et d’un Hosanna. Hélas, quand je regarde la terre, Hosanna quand je songe au delà de l’homme, et que je sens dans mon cerveau, à travers mon crâne, la splendide pénétration du ciel.

En Dieu, donc, c’est-à-dire en fraternité, je vous serre la main.

Victor Hugo.

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