À Jules Janin.

Hauteville-House, 30 janvier 1869.

Mon éminent confrère,

Ma femme, dont vous avez si admirablement parlé, vous aimait bien. Elle avait la douce superstition de prendre les plumes avec lesquelles j’avais écrit, et de les conserver. Elle vous en a légué une. Voici un passage du codicille de son testament, récemment ouvert :

« À Jules Janin, le vaillant ami de tous les exilés et de tous les courages, je donne la plume avec laquelle mon mari a écrit le Revenant (des Contemplations). Elle est enfermée dans un papier sur lequel mon mari a lui-même affirmé l’authenticité. On trouvera cet objet dans un des tiroirs intérieurs du meuble de citronnier qui est dans ma chambre. »

Je vous envoie le souvenir ; quant à la plume, cela n’en vaut pas la peine. Une plume à vous ! Vous aussi, certes, vous avez le droit de dire : J’ai mon épée.

Je veux seulement que vous sachiez à quel point ce grand cœur, qui était aussi un grand esprit, vous honorait et vous aimait.

Tuus.

Victor Hugo.

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