à Madame Edgar Quinet.

Hauteville-House, 8 avril. Que vous dire, madame ? J’ai lu votre livre. Je devrais vous baiser la main et me taire. Quelle page vous avez écrite sur moi ! Vous me faites l’effet de cette fée des contes d’orient qui offrait un diamant à un rocher. Le rocher acceptait et du diamant faisait une étoile à son vieux front noir. J’accepte aussi, madame, et il me semble que maintenant j’ai sur moi un rayon de votre âme. Cette page est exquise, et tout le livre est comme cette page. Vos mémoires d’exil ont le vivant reflet du grand et doux maître qui est apôtre en même temps que poëte, et qui s’appelle Quinet. Vous êtes un talent charmant et un cœur vaillant. Je suis triste. Je viens d’enterrer un vieux compagnon de ma solitude ; je vais ouvrir votre livre, il me sourira et me consolera. Que c’est bon, la lumière vraie ! Et c’est de cette lumière-là que toute votre âme est faite. J’embrasse mon cher Quinet, et je lui demande la permission de rester le plus longtemps possible à vos pieds. Victor H.

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