à Paul Meurice.

H-H, 17 avril. Votre exquise lettre a été lue, les larmes aux yeux, par nous deux ici qui vous aimons. Oui, j’espère que ce bonheur me sera donné d’être près de vous ou de vous avoir près de moi. Mon égoïsme préférerait votre exil à mon Paris. On serait bien plus ensemble. Voici une pièce longue pour votre numéro payeur d’amendes. Toutes les pièces longues sont dangereuses, celle-ci l’est énormément, à deux points de vue : procès du gouvernement, procès de la famille (pire). C’est pour cela que j’ai remplacé le vrai titre qui est tout crûment : Saint-Arnaud par celui-ci : justice faite. je crains que les coupures auxquelles vous serez contraints n’énervent la pièce. Si, tout bien considéré, elle vous paraissait trop périlleuse, renvoyez-la moi. Je vous en enverrais une autre, plus courte, qui est sur les évènements immédiats Aubin-Les-Mines et que je crois sans danger. Enfin faites pour le mieux, mais ne greffons pas un procès sur un procès. — doux ami, mon Charles a été triste de ce qui lui a semblé une froideur du rappel . J’essaie ce pansement. Voulez-vous être assez bon pour insérer ces lignes, ou quelque chose qui leur ressemble. La traite de 13000 fr vous sera présentée samedi prochain 23 avril. — j’eusse voulu faire charger cette lettre, ce qui est une demi-garantie contre l’ouverture en cabinet noir ; mais c’est dimanche, c’est pâques, la poste est fermée, je sens que vous êtes pressé, je risque le paquet . Soyez énormément prudents, mes intrépides amis. Cher Meurice, Charles va venir à Hauteville. Vous devriez bien y venir aussi, et Auguste, ne fût-ce que quinze jours. Cela me ferait toute une fête autour de moi. à vous. à vous. à vous.

au même. H-H, 22 avril. Je pense qu’à cette heure vous avez mon envoi parti lundi matin. Il a dû arriver mardi soir et s’est croisé en route avec votre lettre. Mais croyez-vous le moment bon pour lancer votre numéro d’exception ? Ne vaudrait-il pas mieux attendre que la pétarade du plébiscite fût tirée ? Après la dernière fusée éteinte, vous paraîtriez. Au reste, vous savez mieux que moi ce qu’il faut faire. Ne vous gênez pas pour me renvoyer Saint-Arnaud si, comme moi, vous le trouvez dangereux. Ce que je vous donnerai, moins long, sera moins scabreux. Quelles fortes et charmantes pages vous écrivez dans le rappel sur tout ce hourvari. Il passera, vos articles, feuilles d’histoire, vivront. On vous présente demain samedi 23 la traite de 13000 fr. J’ignore l’adresse de Banville. Voulez-vous lui transmettre ceci ? Sa florise est charmante. Cher Meurice, comme je vous aime !

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