à Paul Meurice.

Vianden (Luxembourg), vendredi 19 juin. Votre lettre ! Votre liberté ! Nous avons eu un éblouissement de joie. Tout notre petit groupe a brusquement rayonné au milieu du grand deuil où nous sommes, patrie et famille. Oh ! Oui, venez vite. Nous avons à parler de tout. Victor excursionne, mais reviendra pour vous. Nous allons nous retrouver ensemble dans ce Vianden où, à chaque pas, je pensais à vous ; mon expulsion ne songeait qu’à votre prison. Quel bonheur de vous revoir. J’ai beaucoup travaillé. Tout s’est sinistrement agrandi. Je crois que cela fera bien en volume. Paris combattant ne suffit plus ; le livre s’appellera l’année terrible . Il commencera par turba et finira, après avoir traversé la chute de l’empire et l’épopée des deux sièges, par la catastrophe actuelle, d’où je ferai sortir une prophétie de lumière. Oui, notre avis est qu’il serait bon de faire tout de suite reparaître le rappel . Venez, mon doux et cher conseiller, veni spiritus ! si vous pouviez venir plusieurs , vous savez ce que je veux dire, comme ce serait charmant ! On est très bien ici pour 6 francs par jour. Dites-le aux amis. Mme Meurice a été admirable ; parbleu ! Je le crois bien ! Je me mets à ses pieds. Que je serais heureux de la voir ! Tout notre groupe vous embrasse éperdument, elle et vous. Grand esprit, grand cœur, doux frère et doux maître, je vous aime. Oui, j’ai bien fait de protester, et j’ai arrêté net la lâche reculade du gouvernement belge. Il admet maintenant les vaincus. Aussi j’ai écrit de lui (dans ma lettre finale) : il m’a expulsé, mais il m’a obéi. avez-vous lu cette lettre ? Que de choses à vous dire ! Je vous embrasse, je vous embrasse. Arrivez !

Share on Twitter Share on Facebook