au même.

3 septembre. Altwies. Vous savez que j’obéis toujours volontiers à mon premier mouvement, mais vous êtes un tel ami que, toutes les fois que je le peux, je soumets mon émotion à votre jugement. J’ai été remué par les paroles de Jules Favre (affaire Laluyé). à mon avis, il n’a pas pris la question d’assez haut. Il eût dû proclamer ma maxime pro jure contra legem . Il eût dû dire : le faussaire, c’est la loi, qui exige qu’un enfant soit laissé à un faux père. is pater est est monstrueux. Je suis le vrai père. J’ai dit la vérité quand la loi voulait le mensonge. J’accuse la loi. Cela eût été maladroit, mais beau. Il eût perdu son procès devant le tribunal et l’eût gagné devant la conscience. Quoi qu’il en soit, sa situation et ses paroles m’ont touché, et je lui ai écrit. Mais je fais passer la lettre par vous, la voici, jugez-la, et ne l’envoyez que si vous l’approuvez. Vous connaissez les faits mieux que moi qui n’ai même pas lu le factum Millière. Ce que vous ferez sera bien fait. Jetez la lettre à la poste, ou au feu. Je ratifie d’avance votre verdict. Je dois dire que Victor trouve la lettre généreuse, mais en déconseille l’envoi. Décidez.

Vous trouverez sous cette enveloppe la suite des placards revus. Vous y trouverez mon discours avec plusieurs interruptions rétablies qui me semblent utiles, notamment les approbations de Thiers et de Dufaure. J’ai retranché ou modifié quelques mots de mes trois appels du commencement. Il m’est arrivé de prendre dans cette prose des choses que j’ai mises dans mes vers où elles sont mieux ; vous les voyez disparaître ici, mais vous les reverrez reparaître là. Ainsi (aux allemands) je remplace : c’est à Paris que l’on sent le battement du cœur de l’Europe par : que l’on sent vivre l’Europe. Vous retrouverez le battement du cœur dans l’année terrible . De même pour les autres changements. Donc ne me désapprouvez pas trop. à bientôt. Nous vous aimons bien. Je prends aujourd’hui ma douzième douche. Après vingt et une, je serai libre. — Dubuffle nous a bien fait rire. -je vous serre dans mes bras. Effusion de nos remerciements à Madame Meurice. J’ai corrigé dans mon discours beaucoup de fautes d’impression du journal officiel .

Share on Twitter Share on Facebook