À XXX.

Paris, 3 mai 1872.

Cher confrère et cher concitoyen,

Votre lettre, par je ne sais quel fâcheux hasard, m’est arrivée bien en retard. La mienne vous parviendra-t-elle à temps ? J’en doute. Je veux pourtant que vous sachiez ma profonde sympathie. Votre cause est la cause même de la presse, et sans la presse pas de progrès. Si le progrès est nécessaire, c’est, à coup sûr, dans votre Afrique, où il s’agit d’inoculer la France, c’est dans votre midi à demi oriental où il s’agit d’acclimater la civilisation. Les écrivains sont les travailleurs du progrès. Loin de les entraver, on doit les aider. Rien de plus funeste aux pays neufs que les persécutions dirigées contre la pensée. C’est de pensée que votre Afrique a besoin. Les hommes de liberté sont des hommes de lumière.

C’est de tout mon cœur que je réponds à votre appel et que je vous apporte mon concours. J’aime votre Afrique française. Mon rêve serait de la visiter un jour !

Je serais heureux de vous y serrer la main.

Victor Hugo.

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