À Alfred Asseline.

Hauteville-House, 22 décembre 1867.

Mon cher Alfred, je reçois ta lettre charmante, je fouille énergiquement le pantalon. Rien, rien, rien! (Desmousseaux de Givré). La poche est vide comme la caboche d’un académicien. Je suis comme Marguerite de Savoie, veuve avant la noce. Je pleure mes étrennes.

Il est probable qu’en emballant le pantalon, on aura fait tomber le petit écrin qui était dans le gousset. Fais faire, je te prie, de fortes recherches.

Mais l’écrin lui-même ne me suffit pas, il nous faut ta femme et toi. Est-ce que vous n’allez pas vous arranger pour venir un peu à Guernesey ? Je n’ai malheureusement pas d’appartement convenable pour Mme Asseline, mais table le matin et table le soir, castanæ molles, voilà ce que je vous offre.

Mets-moi aux pieds de ta femme par-dessus le marché, et sois jaloux.

Midi. — Dernières nouvelles. — Comme j’allais fermer cette lettre, arrive la poste, on m’apporte une petite boîte avec stamp ; c’est l’écrin. Je l’ouvre et j’admire. Rien de plus charmant. C’est un vrai bijou. C’est historique et chimérique. Merci, mon poëte, de cette jolie chose.

Dernière des dernières. — Nombreuse compagnie chez moi à cause du Christmas des petits pauvres. Une foule de femmes charmantes. Ton ravissant écrin a circulé de main en main. Admiration universelle. Chose extraordinaire, on ne l’a pas volé.

Share on Twitter Share on Facebook