À Auguste Vacquerie.

H.-H., 14 mars.

Quatre lignes in haste, cher Auguste. Vous aviez raison de tout point. L’ébauche de lettre que je vous ai envoyée par ma femme, trop hâtivement faite, aurait même l’inconvénient d’énoncer une inexactitude, le théâtre n’étant pas libre jadis, et qui l’a éprouvé plus que moi ? Donc au panier cette paperasse. — Vous penchez pour oui. — La solution, en ce cas, ma dernière lettre vous l’indique, serait ceci :

— Oui, je consens, reprenez mes pièces. Je n’y mets qu’une condition, c’est qu’ayant été censurées jadis, elles ne le seront plus. Je n’admets aucune revision de la censure actuelle. Mon répertoire a été censuré une fois pour toutes. — S’il devait être soumis à un nouvel examen, je refuserais.

Ce serait mon sine qui non. Vous m’approuverez, je pense. De cette façon ma dignité serait à l’abri. Je dirais de mes pièces sint ut sunt, aut non sint. Et si le gouvernement refusait ma condition, et voulait me censurer de nouveau, tout le monde me comprendrait et me donnerait raison. L’obstacle viendrait du gouvernement, et non de moi. — Ne trouvez-vous pas que ceci résout tout ?

Est-ce que vous croyez à une série de représentations ? L’exposition étant une exhibition, ils joueraient chaque pièce de leur répertoire deux ou trois fois, Hernani comme le reste. — Cela en vaudrait-il la peine ? N’est-ce pas déflorer pour peu de chose la reprise inévitable et définitive ? Qu’en pensez-vous ?

J’ai un torticolis qui me rend fou de mal de tête. Excusez mon griffonnage. À vous. Ex imo.

V.

M. Allier m’a envoyé un livre pour ma femme, Mme Lucas sait son adresse. Voulez-vous lui transmettre ma réponse.

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