À Flourens.

Hauteville-House, 27 octobre 1867.

Un mot. Monsieur, in haste. J’ai trouvé ici, en arrivant, après une absence de trois mois, une montagne de lettres, un arriéré énorme. J’ouvre aujourd’hui votre lettre du 2 août. Vous le savez, je suis tout dévoué aux peuples, à la Grèce, à la Crète. On peut toujours et partout compter sur moi. Dites-le bien à M. Saravas. Cette lettre est pour lui comme pour vous. La brochure a sans doute paru. Elle est excellente, elle est concluante. Je lui eusse certainement écrit la page d’adhésion ; il est trop tard, je pense, et c’est une tristesse pour moi. Du fond de ma solitude, j’assiste au supplice du genre humain. Je crie et je lève les mains au ciel. Si vous lisiez les lettres que je reçois, vous frémiriez. Toutes les souffrances s’adressent à moi ; que puis-je, hélas ! n’importe, je fais comme je peux, ce que je peux. Je jette les pierres de mon désert dans le jardin des tyrans. Oui, comptez sur moi. Jusqu’à mon dernier souffle je lutterai pour les opprimés. Là où l’on pleure, mon âme est là. Vous êtes un vaillant cœur, un noble talent, un bras robuste et dévoué. Vous pensez et vous combattez, je vous serre la main et vous aime.

Victor Hugo.

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