Hauteville-House, 22 janvier 1869.

Monsieur,

Cette fois encore, à mon bien grand regret, je ne puis faire ce que vous voulez bien désirer de moi. Si le hasard fait tomber sous vos yeux quelques pages écrites par moi sur Waterloo dans un livre intitulé les Misérables vous comprendrez que je m’abstienne. J’ai la même intention patriotique et démocratique que vous, mais nos jugements historiques diffèrent profondément. Dans ces pages je condamne, et très sévèrement. Napoléon, mais à un autre point de vue que le vôtre, et je vois la bataille tout autrement. Du reste, la polémique contre Napoléon Ier me paraît moins urgente que la lutte contre Napoléon III. Proximmardet Ucalegon.

Je juge Napoléon Ier et je combats Napoléon III, telle est ma nuance. Vous me comprendrez, Monsieur, et vous m’approuverez, je pense. Sous les réserves que je viens d’indiquer, j’apprécie très haut votre remarquable talent et votre livre consciencieux.

Recevez l’assurance de mes sentiments très distingués.

Victor Hugo.

À Auguste Vacquerie.

H.-H., 27 janvier.

Je vous aime comme je vous admire. Vous avez le sens supérieur en même temps que le tact exquis. Merci pour tout. Ce que vous avez communiqué était on ne peut mieux livré et retenu en même temps. Toute ma profonde amitié est à vous.

Du drame dans les faits, ce livre passe au drame dans les idées. Tout le tome II y est consacré : histoire, philosophie, cœur humain. Puis le drame proprement dit reprend violemment au tome III jusqu’à la fin. L’ensemble, je crois, satisfera votre grand esprit. Je pense, en effet, n’avoir rien fait de mieux que l’Homme qui Rit.

C’est une trilogie qui commence :

l’Aristocratie (l’Homme qui Rit) ;

la monarchie ;

Quatrevingt-treize.

Et j'aurai fait la preuve de la Révolution. Ce sera le pendant des Misérables.

Merci encore, et à toujours,

V.

À Monsieur Verboeckhoven.

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