SCÈNE V.

OTBERT, RÉGINA.

OTBERT, le regardant sortir avec égarement.

Juste ciel ! tout se mêle en mon esprit troublé.

Fuir avec Régina ! fuir ce burg désolé !

Oh ! si je rêve, ayez pitié de moi, madame.

Ne me réveillez pas. – Mais c’est bien toi, mon âme !

Ange, tu m’appartiens ! fuyons avant ce soir,

Fuyons dès à présent ! Si tu pouvais savoir !… –

Là l’Éden radieux, derrière moi l’abîme !

Je fuis vers le bonheur, je fuis devant le crime !

RÉGINA.

Que dis-tu ?

OTBERT.

Régina, ne crains rien. Je fuirai.

Mais mon serment ! grand Dieu ! Régina ! j’ai juré !

Qu’importe, je fuirai, j’échapperai. Dieu juste,

Jugez-moi. Ce vieillard est bon, il est auguste,

Je l’aime ! Viens, partons. ! Tout nous aide à la fois.

Rien ne peut empêcher notre fuite…

Pendant ces dernières paroles, Guanhumara est rentrée par la galerie du fond. Elle conduit Hatto et lui montre du doigt Otbert et Régina, qui se tiennent embrassés. Hatto fait un signe, et derrière lui arrivent en foule les princes, les burgraves et les soldats. Le marquis leur indique du geste les deux amants, qui, absorbés dans leur contemplation d’eux-mêmes, ne voient rien et n’entendent rien. Tout à coup, au moment où Otbert se retourne entraînant Régina, Hatto se dresse devant lui. Guanhumara a disparu.

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