V QUERELLES DU SÉRAIL

Ciel ! après tes splendeurs qui rayonnaient naguères,

Liberté sainte ; après toutes ces grandes guerres,

Tourbillon inouï ;

Après ce Marengo qui brille sur la carte,

Et qui ferait lâcher le premier Bonaparte

À Tacite ébloui ;

Après ces messidors, ces prairials, ces frimaires,

Et tant de préjugés, d’hydres et de chimères,

Terrassés à jamais ;

Après le sceptre en cendre et la Bastille en poudre,

Le trône en flamme ; après tous ces grands coups de foudre,

Sur tous ces grands sommets ;

Après tous ces géants, après tous ces colosses,

S’acharnant malgré Dieu, comme d’ardents molosses,

Quand Dieu disait : va-t’en !

Après ton océan, république française,

Où nos pères ont vu passer Quatrevingt-treize

Comme Léviathan ;

Après Danton, Saint-Just et Mirabeau, ces hommes,

Ces titans, — aujourd’hui cette France où nous sommes

Contemple l’embryon !

L’infiniment petit, monstrueux et féroce !

Et, dans la goutte d’eau, les guerres du volvoce

Contre le vibrion !

Honte ! France, aujourd’hui, voici ta grande affaire :

Savoir si c’est Maupas ou Morny qu’on préfère,

Là-haut, dans le palais ;

Tous deux ont sauvé l’ordre et sauvé les familles ;

Lequel l’emportera ? l’un a pour lui les filles,

Et l’autre, les valets.

Bruxelles, janvier 1852.