IV

Ô noirs événements, vous fuyez dans la nuit !

L’empereur mort tomba sur l’empire détruit.

Napoléon alla s’endormir sous le saule.

Et les peuples alors, de l’un à l’autre pôle,

Oubliant le tyran, s’éprirent du héros.

Les poëtes, marquant au front les rois bourreaux,

Consolèrent, pensifs, cette gloire abattue.

À la colonne veuve on rendit sa statue.

Quand on levait les yeux, on le voyait debout

Au-dessus de Paris, serein, dominant tout,

Seul, le jour dans l’azur et la nuit dans les astres.

Panthéons, on grava son nom sur vos pilastres !

On ne regarda plus qu’un seul côté des temps ;

On ne se souvint plus que des jours éclatants ;

Cet homme étrange avait comme enivré l’histoire ;

La justice à l’œil froid disparut sous sa gloire,

On ne vit plus qu’Essling, Ulm, Arcole, Austerlitz ;

Comme dans les tombeaux des romains abolis,

On se mit à fouiller dans ces grandes années ;

Et vous applaudissiez, nations inclinées,

Chaque fois qu’on tirait de ce sol souverain

Ou le consul de marbre ou l’empereur d’airain !

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