III

Ô nos pauvres enfants ! soldats de notre France !

Ô triste armée à l’œil terni !

Adieu la tente ! adieu les camps ! plus d’espérance !

Soldats ! soldats ! tout est fini !

N’espérez plus laver dans les combats le crime

Dont vous êtes éclaboussés.

Pour nous ce fut le piège et pour vous c’est l’abîme.

Cartouche règne ; c’est assez.

Oui, Décembre à jamais vous tient, hordes trompées !

Oui, vous êtes ses vils troupeaux !

Oui, gardez sur vos mains, gardez sur vos épées,

Hélas ! gardez sur vos drapeaux

Ces souillures qui font horreur à vos familles

Et qui font sourire Dracon,

Et que ne voudrait pas avoir sur ses guenilles

L’équarrisseur de Montfaucon !

Gardez le deuil, gardez le sang, gardez la boue !

Votre maître hait le danger,

Il vous fait reculer ; gardez sur votre joue

L’âpre soufflet de l’étranger !

Ce nain à sa stature a rabaissé vos tailles

Ce n’est qu’au vol qu’il est hardi

Adieu la grande guerre et les grandes batailles !

Adieu Wagram ! adieu Lodi !

Dans cette horrible glu votre aile est prisonnière.

Derrière un crime il faut marcher.

C’est fini. Désormais vous avez pour bannière

Le tablier de ce boucher !

Renoncez aux combats, au nom de Grande Armée,

Au vieil orgueil des trois couleurs ;

Renoncez à l’immense et superbe fumée,

Aux femmes vous jetant des fleurs,

À l’encens, aux grands arcs triomphaux que fréquentent

Les ombres des héros le soir ;

Hélas ! contentez-vous de ces prêtres qui chantent

Des Te Deum dans l’abattoir !

Vous ne conquerrez point la palme expiatoire,

La palme des exploits nouveaux,

Et vous ne verrez pas se dorer dans la gloire

La crinière de vos chevaux !

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