II

Ô peuples douloureux, il faut bien qu’on vous venge !

Les rhéteurs froids m’ont dit : Le poëte, c’est l’ange ;

Il plane, ignorant Fould, Magnan, Morny, Maupas ;

Il contemple la nuit sereine avec délices… —

Non, tant que vous serez complices

De ces crimes hideux que je suis pas à pas,

Tant que vous couvrirez ces brigands de vos voiles,

Cieux azurés, soleils, étoiles,

Je ne vous regarderai pas !

Tant qu’un gueux forcera les bouches à se taire,

Tant que la liberté sera couchée à terre

Comme une femme morte et qu’on vient de noyer,

Tant que dans les pontons on entendra des râles,

J’aurai des clartés sépulcrales

Pour tous ces fronts abjects qu’un bandit fait ployer.

Je crierai : Lève-toi, peuple ! ciel, tonne et gronde !

La France, dans sa nuit profonde,

Verra ma torche flamboyer !

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