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Æstuat infelix.

Un jour au mont Atlas les collines jalouses

Dirent : — Vois nos prés verts, vois nos fraîches pelouses

Où vient la jeune fille, errante en liberté,

Chanter, rire, et rêver après qu’elle a chanté ;

Nos pieds que l’océan baise en grondant à peine,

Le sauvage océan ! notre tête sereine,

A qui l’été de flamme et la rosée en pleurs

Font tant épanouir de couronnes de fleurs !

Mais toi, géant ! — d’où vient que sur ta tête chauve

Planent incessamment des aigles à l’œil fauve ?

Qui donc, comme une branche où l’oiseau fait son nid,

Courbe ta large épaule et ton dos de granit ?

Pourquoi dans tes flancs noirs tant d’abîmes pleins d’ombre ?

Quel orage éternel te bat d’un éclair sombre ?

Qui t’a mis tant de neige et de rides au front ?

Et ce front, où jamais printemps ne souriront,

Qui donc le courbe ainsi ? quelle sueur l’inonde ? …

Altas leur répondit : — C’est que je porte un monde.

24 avril 1830.

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