VI

Oui, Botzaris, Joseph, Canaris, ombres saintes,

Elle entendra vos voix, par le trépas éteintes ;

Elle verra le signe empreint sur votre front ;

Et, soupirant ensemble un chant expiatoire,

À vos débris sanglants portant leur double gloire,

Sur la harpe et le luth les deux Grèces diront :

« Hélas ! vous êtes saints et vous êtes sublimes,

Confesseurs, demi-dieux, fraternelles victimes !

Votre bras aux combats s’est longtemps signalé ;

Morts, vous êtes tous trois souillés par des mains viles.

Voici votre Calvaire après vos Thermopyles ;

Pour tous les dévouements votre sang a coulé.

« Ah ! si l’Europe en deuil, qu’un sang si pur menace,

Ne suit jusqu’au sérail le chemin qu’il lui trace,

Le Seigneur la réserve à d’amers repentirs.

Marin, prêtre, soldat, nos autels vous demandent,

Car l’Olympe et le Ciel à la fois vous attendent,

Pléiade de héros ! trinité de martyrs ! »

Juin 1826.

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