SCÈNE IV.

Les Mêmes, GEORGE, puis le baron D’HOLBURG.

GEORGE.

Attrapé. Sortez. Mais… Je suis chassé ! J’accours.

C’est moi. Pour peu d’instants, et des instants bien courts !

J’en profite. Je viens. Ah ! loin de vous, que faire ?

Puis-je entrer ?

NELLA, à part.

Puis-je entrer ? Grand Dieu ! George ! et cet homme !

Le baron d’Holburg paraît à la porte du fond ; vieux, en habit de soldat, avec une souquenille de laboureur.

Puis-je entrer ? Grand Dieu ! George ! et cet homme ! Et mon père !

Je tremble.

LE BARON D’HOLBURG, apercevant le duc.

Je tremble. Un étranger !

NELLA, au baron d’Holburg.

Je tremble. Un étranger ! Montrant le duc.

Je tremble. Un étranger ! Je lui dis de sortir.

LE DUC GALLUS, au baron d’Holburg.

C’est vous le père ? Eh bien, je dois vous avertir

Que ces deux jeunes gens s’aiment.

Il montre George.

GEORGE.

Que ces deux jeunes gens s’aiment. Quel est cet homme ?

NELLA.

Ciel !

GEORGE, au duc.

Ciel ! Qu’êtes-vous, monsieur ? Sachez que je me nomme

George.

LE DUC GALLUS

George. C’est bon. On sait mieux que vous votre nom.

S’adressant au baron d’Holburg stupéfait.

Quand vous tournez le dos, ce jeune compagnon

— Le scrupule aux amants ne pèse pas une once, —

Vient voir mademoiselle, et je vous les dénonce.

Je viens d’être témoin d’un de leurs rendez-vous.

GEORGE.

Quel est cet espion ?

LE DUC GALLUS, continuant. Au baron d’Holburg.

Quel est cet espion ? Monsieur fait les yeux doux.

Mademoiselle, avec réserve, les accepte.

LE BARON D’HOLBURG

Ma fille ! est-il possible !

LE DUC GALLUS

Ma fille ! est-il possible ! Il faudrait être inepte

Pour ignorer qu’avril est le mois des amours,

Que la douceur des nuits suit la beauté des jours,

Qu’un souffle est dans les bois, qu’il faut que tout renaisse,

Que c’est la volonté de Dieu que la jeunesse

Sente la pression amoureuse du ciel,

Qu’avoir vingt ans oblige, et qu’il est naturel

Qu’un baiser, envié par les nids du burg sombre,

Tombe sur le bras blanc qu’on entrevoit dans l’ombre.

NELLA, rougissante et suppliante.

Monsieur…

LE DUC GALLUS, poursuivant. Au baron.

Monsieur… Moi je suis là, je passe, j’aperçois,

Je viens vous informer du fait.

GEORGE, au duc.

Je viens vous informer du fait. Qui que tu sois,

Ce que tu viens de dire, entends-tu, c’est l’épée,

La dague et le poignard, l’herbe de sang trempée,

Sans quartier, tout de suite, et j’en fais le serment,

Et regarde-moi bien en face fixement,

Tu te rétracteras syllabe par syllabe !

Ton nom ?

LE DUC GALLUS

Ton nom ? Je suis Gallus, landgrave de Souabe,

Le frère du feu duc régnant George premier.

L’aigle à deux têtes prend son vol sur mon cimier.

L’Allemagne n’a pas de famille plus grande.

Il salue profondément le baron.

Et, monsieur le baron d’Holburg, je vous demande

En mariage ici votre fille Nella

Pour mon neveu le duc George deux

Pour mon neveu le duc George deux Montrant George.

Pour mon neveu le duc George deux Que voilà.

4 janvier 1869.

LES DEUX TROUVAILLES DE GALLUS