IX EN ÉCOUTANT CHANTER LA PRINCESSE ***.

Dans ta haute demeure

Dont l’air est étouffant,

De l’accent dont on pleure

Tu chantes, douce enfant.

Tu chantes, jeune fille.

Ton père, c’est le roi.

Autour de toi tout brille,

Mais tout soupire en toi.

Pense, mais sans rien dire ;

Aimer t’est défendu ;

Doux être, ton sourire

En naissant s’est perdu.

Tu te sens épousée

Par une main qui sort

Inconnue et glacée

De cette ombre, le sort.

Ton cœur, triste et sans ailes,

Est dans ce gouffre noir

À des profondeurs telles

Que tu ne peux l’avoir.

Tu n’es qu’altesse encore,

Tu seras majesté.

Bien qu’un reflet d’aurore

Sur ton front soit resté,

Enfant chère aux armées,

Déjà nous te voyons
Dans toutes les fumées

Et dans tous les rayons.

Ton parrain est le pape ;

Vierge, il t’a dit : Ave !

Quand tu passes, on frappe

Des piques le pavé.

Comme Dieu l’on t’encense ;

Toi-même as le frisson

De la toute-puissance

Mêlée à ta chanson.

De vieux légionnaires

Te gardent, fiers, soumis ;

Et l’on voit des tonnerres

À ta porte endormis.

Autour de toi se creuse

L’éclatant sort des rois.

Tu serais plus heureuse

Fauvette dans les bois.

3 avril.

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