X

Un hymne harmonieux sort des feuilles du tremble ;

Les voyageurs craintifs, qui vont la nuit ensemble,

Haussent la voix dans l’ombre où l’on doit se hâter.

Laissez tout ce qui tremble

Chanter.

Les marins fatigués sommeillent sur le gouffre.

La mer bleue où Vésuve épand ses flots de soufre

Se tait dès qu’il s’éteint, et cesse de gémir.

Laissez tout ce qui souffre

Dormir.

Quand la vie est mauvaise on la rêve meilleure.

Les yeux en pleurs au ciel se lèvent à toute heure ;

L’espoir vers Dieu se tourne et Dieu l’entend crier.

Laissez tout ce qui pleure

Prier.

C’est pour renaître ailleurs qu’ici-bas on succombe.

Tout ce qui tourbillonne appartient à la tombe.

Il faut dans le grand tout tôt ou tard s’absorber.

Laissez tout ce qui tombe

Tomber !

18 janvier 1843.

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