I

Comme la nuit tombe vite !

Le jour, en cette saison,

Comme un voleur prend la fuite,

S’évade sous l’horizon.

Il semble, ô soleil de Rome,

De l’Inde et du Parthénon,

Que, quand la nuit vient de l’homme

Visiter le cabanon,

Tu ne veux pas qu’on te voie,

Et que tu crains d’être pris

En flagrant délit de joie

Par la geôlière au front gris.

Pour les heureux en démence

L’âpre hiver n’a point d’effroi,

Mais il jette un crêpe immense

Sur celui qui, comme moi,

Rêveur, saignant, inflexible,

Souffrant d’un stoïque ennui,

Sentant la bouche invisible

Et sombre souffler sur lui,

Montant des effets aux causes,

Seul, étranger en tout lieu,

Réfugié dans les choses

Où l’on sent palpiter Dieu,

De tous les biens qu’un jour fane

Et dont rit le sage amer,

N’ayant plus qu’une cabane

Au bord de la grande mer,

Songe, assis dans l’embrasure,

Se console en s’abîmant,

Et, pensif, à sa masure

Ajoute le firmament !

Pour cet homme en sa chaumière,

C’est une amère douleur

Que l’adieu de la lumière

Et le départ de la fleur.

C’est un chagrin quand, moroses,

Les rayons dans les vallons

S’éclipsent, et quand les roses

Disent : Nous nous en allons !

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