VII

Frêle barque assoupie à quelques pas d’un gouffre !

Prends garde, enfant ! cœur tendre où rien encor ne souffre !

Ô pauvre fille d’Ève ! ô pauvre jeune esprit !

Voltaire, le serpent, le doute, l’ironie,

Voltaire est dans un coin de ta chambre bénie !

Avec son œil de flamme il t’espionne, et rit.

Oh ! tremble ! ce sophiste a sondé bien des fanges !

Oh ! tremble ! ce faux sage a perdu bien des anges !

Ce démon, noir milan, fond sur les cœurs pieux,

Et les brise, et souvent, sous ses griffes cruelles,

Plume à plume j’ai vu tomber ces blanches ailes

Qui font qu’une âme vole et s’enfuit dans les cieux !

Il compte de ton sein les battements sans nombre.

Le moindre mouvement de ton esprit dans l’ombre,

S’il penche un peu vers lui, fait resplendir son œil.

Et, comme un loup rôdant, comme un tigre qui guette,

Par moments, de Satan, visible au seul poëte,

La tête monstrueuse apparaît à ton seuil !

Share on Twitter Share on Facebook