III

Oh ! que l’été brille ou s’éteigne,

Pauvres, ne désespérez pas !

Le Dieu qui souffrit et qui règne

A mis ses pieds où sont vos pas !

Pour vous couvrir il se dépouille ;

Bon même pour l’homme fatal

Qui, comme l’airain dans la rouille,

Va s’endurcissant dans le mal !

Tendre, même durant l’absinthe,

Pour l’impie au regard obscur

Qui l’insulte sans plus de crainte

Qu’un passant qui raie un vieux mur !

Ils ont beau traîner sur les claies

Ce Dieu mort dans leur abandon ;

Ils ne font couler de ses plaies

Qu’un intarissable pardon.

Il n’est pas l’aigle altier qui vole,

Ni le grand lion ravisseur ;

Il compose son auréole

D’une lumineuse douceur !

Quand sur nous une chaîne tombe,

Il la brise anneau par anneau.

Pour l’esprit il se fait colombe,

Pour le cœur il se fait agneau !

Vous pour qui la vie est mauvaise,

Espérez ! il veille sur vous !

Il sait bien ce que cela pèse,

Lui qui tomba sur ses genoux !

Il est le Dieu de l’évangile ;

Il tient votre cœur dans sa main,

Et c’est une chose fragile

Qu’il ne veut pas briser, enfin !

Lorsqu’il est temps que l’été meure

Sous l’hiver sombre et solennel,

Même à travers le ciel qui pleure

On voit son sourire éternel !

Car sur les familles souffrantes,

L’hiver, l’été, la nuit, le jour,

Avec des urnes différentes

Dieu verse à grands flots son amour !

Et dans ses bontés éternelles

Il penche sur l’humanité

Ces mères au triples mamelles,

La nature et la charité.

Share on Twitter Share on Facebook