V

Qui leur eût dit alors l’austère destinée ?

Qui leur eût dit qu’un jour cette France, inclinée

Sous leurs fronts de fleurons chargés,

Ne se souviendrait d’eux ni de leur morne histoire,

Pas plus que l’océan sans fond et sans mémoire

Ne se souvient des naufragés !

Que, chaînes, lys, dauphins, un jour les Tuileries

Verraient l’illustre amas des vieilles armoiries

S’écrouler de leur plafond nu,

Et qu’en ces temps lointains que le mystère couvre,

Un corse, encore à naître, au noir fronton du Louvre

Sculpterait un aigle inconnu !

Que leur royal Saint-Cloud se meublait pour un autre ;

Et qu’en ces fiers jardins du rigide Le Nôtre,

Amour de leurs yeux éblouis,

Beaux parcs où dans les jeux croissait leur jeune force,

Les chevaux de Crimée un jour mordraient l’écorce

Des vieux arbres du grand Louis !

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