XIII

Jeune homme, ce méchant fait une lâche guerre.

Ton indignation ne l’épouvante guère.

Crois-moi donc, laisse en paix, jeune homme au noble cœur,

Ce Zoïle à l’œil faux, ce malheureux moqueur.

Ton mépris ? mais c’est l’air qu’il respire ! Ta haine ?

La haine est son odeur, sa sueur, son haleine !

Il sait qu’il peut souiller sans peur les noms fameux,

Et que pour qu’on le touche il est trop venimeux.

Il ne craint rien ; pareil au champignon difforme

Poussé dans une nuit au pied d’un chêne énorme,

Qui laisse les chevreaux autour de lui paissant

Essayer leur dent folle à l’arbuste innocent ;

Sachant qu’il porte en lui des vengeances trop sûres,

Tout gonflé de poison il attend les morsures.

18 mai 1837

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