ODE DIX-SEPTIÈME. À UNE JEUNE FILLE.

Pourquoi te plaindre, tendre fille ? Tes jours n’appartiennent-ils pas à la première jeunesse ?
Daïno lithuanien.

Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle,

Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs,

Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle,

Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie !

Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,

Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,

Comme un alcyon sur les mers.

Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !

Jouissez du matin, jouissez du printemps ;

Vos heures sont des fleurs l’une à l’autre enlacées ;

Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.

Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue,

Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,

À ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue,

À ces plaisirs qui font pitié.

Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance ;

Riez ! n’attristez pas votre front gracieux,

Votre œil d’azur, miroir de paix et d’innocence,

Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux !

Février 1825.

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