I

Le cheval fait sonner son harnois qu’il secoue,

Et l’éclair du pavé va jaillir sous la roue ;

Il faut partir, adieu ! De ton cœur inquiet

Chasse la crainte amère ; adieu ! point de faiblesse !

Mais quoi ! le char s’ébranle et m’emporte, et te laisse…

Hélas ! j’ai cru qu’il t’oubliait !

Oh ! suis-le bien longtemps d’une oreille attentive !

Ne t’en va pas avant d’avoir, triste et pensive,

Écouté des coursiers s’évanouir le bruit !

L’un à l’autre déjà l’espace nous dérobe ;

Je ne vois plus de loin flotter ta blanche robe,

Et toi, tu n’entends plus rouler le char qui fuit !…

Quoi ! plus même un vain bruit ! plus même une vaine ombre !

L’absence a sur mon âme étendu sa nuit sombre ;

C’en est fait, chaque pas m’y plonge plus avant ;

Et dans cet autre enfer, plein de douleurs amères,

De tourments insensés, d’angoisses, de chimères,

Me voilà descendu vivant !

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