III

Que fais-tu maintenant ? Près du foyer sans doute

La carte est déployée, et ton œil suit ma route ;

Tu dis : « Où peut-il être ? Ah ! qu’il trouve en tous lieux

De tendres soins, un cœur qui l’estime et qui l’aime,

Et quelque bonne hôtesse, ayant, comme moi-même,

Un être cher sous d’autres cieux !

« Comme il s’éloigne vite, hélas ! J’en suis certaine,

Il a déjà franchi cette ville lointaine,

Ces forêts, ce vieux pont d’un grand exploit témoin ;

Peut-être en ce moment il roule en ces vallées,

Par une croix sinistre aux passants signalées,

Où l’an dernier… — Pourvu qu’il soit déjà plus loin ! »

Et mon père, essuyant une larme qui brille,

T’invite en souriant à sourire à ta fille :

« Rassurez-vous ! bientôt nous le reverrons tous.

Il rit, il est tranquille, il visite à cette heure

De quelque vieux héros la tombe ou la demeure ;

Il prie à quelque autel pour vous.

« Car, vous le savez bien, ma fille, il aime encore

Ces créneaux, ces portails qu’un art naïf décore ;

Il nous a dit souvent, assis à vos côtés,

L’ogive chez les goths de l’Orient venue,

Et la flèche romane aiguisant dans la nue

Ses huit angles de pierre en écailles sculptés ! »

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