Ô français ! des combats la palme vous décore ;
Courbés sous un tyran, vous étiez grands encore.
Ce chef prodigieux par vous s’est élevé ;
Son immortalité sur vos gloires se fonde,
Et rien n’effacera des annales du monde
Son nom, par vos glaives gravé.
Ajoutant une page à toutes les histoires,
Il attelait des rois au char de ses victoires ;
Dieu dans sa droite aveugle avait mis le trépas ;
L’univers haletait sous son poids formidable ;
Comme ce qu’un enfant a tracé sur le sable,
Les empires confus s’effaçaient sous ses pas.
Flatté par la fortune, il fut puni par elle.
L’imprudent confiait son destin vaste et frêle
À cet orgueil, toujours sur la terre expié.
Où donc, en sa folie, aspirait ta pensée,
Malheureux ! qui voulais, dans ta route insensée,
Tous les trônes pour marchepied ?
Son jour vint : on le vit, vers la France alarmée,
Fuir, traînant après lui comme un lambeau d’armée,
Chars, coursiers et soldats, pressés de toutes parts.
Tel, en son vol immense atteint du plomb funeste,
Le grand aigle, tombant de l’empire céleste,
Sème sa trace au loin de son plumage épars.
Qu’il dorme maintenant dans son lit de poussière !
On ne voit plus, autour de sa couche guerrière,
Vingt courtisans royaux épier son réveil ;
L’Europe, si longtemps sous son bras palpitante,
Ne compte plus, assise aux portes de sa tente,
Les heures de son noir sommeil.
Reprenez, ô français ! votre gloire usurpée.
Assez dans tant d’exploits on n’a vu qu’une épée !
Assez de la louange il fatigua la voix !
Mesurez la hauteur du géant sur la poudre.
Quel aigle ne vaincrait, armé de votre foudre ?
Et qui ne serait grand, du haut de vos pavois ?
L’étoile de Brennus luit encor sur vos têtes.
La Victoire eut toujours des français à ses fêtes.
La paix du monde entier dépend de leur repos.
Sur les pas des Moreau, des Condé, des Xaintrailles,
Ce peuple glorieux dans les champs de batailles
A toujours usé ses drapeaux.