III

Ô Dieu ! leur Liberté, c’était un monstre immense,

Se nommant Vérité parce qu’il était nu,

Balbutiant les cris de l’aveugle démence

Et l’aveu du vice ingénu !

La fable eût pu donner à ses fureurs impies

L’ongle flétrissant des harpies

Et les mille bras d’Ægéon.

La dépouille de Rome ornait l’impure idole.

Le vautour remplaçait l’aigle à son Capitole.

L’enfer peuplait son Panthéon.

Le Supplice hagard, la Torture écumante,

Lui conduisaient la Mort comme une heureuse amante.

Le monstre aux pieds foulait tout un peuple innocent ;

Et les sages menteurs, aux pompeuses doctrines,

Soutenaient ses pas lourds, quand, parmi les ruines,

Il chancelait, ivre de sang !

Mêlant les lois de Sparte aux fêtes de Sodome,

Dans tous les attentats cherchant tous les fléaux,

Par le néant de l’âme il croyait grandir l’homme,

Et réveillait le vieux chaos.

Pour frapper leur couronne osant frapper leur tête,

Des rois, perdus dans la tempête,

Il brisait le trône avili ;

Et, de l’éternité lui laissant quelque reste,

Daignait à Dieu, muet dans son exil céleste,

Offrir un échange d’oubli.

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