Et les sages disaient : « Gloire à notre sagesse !
Voici les jours de Rome et les temps de la Grèce !
Nations, de vos rois brisez l’indigne frein.
Liberté ! N’ayez plus de maîtres que vous-même ;
Car nous tenons de toi notre pouvoir suprême,
Sois donc heureux et libre, ô peuple souverain !… »
Tyrans adulateurs ! caresses mensongères !
Ô honte ! Asie, Afrique, où sont tous vos sultans ?
Que leurs sceptres sont doux, et leurs chaînes légères,
Près de ces bourreaux insultants !
Rends gloire, ô foule abjecte en tes fers assoupie,
Au vil monstre d’Éthiopie,
Par un fer jaloux mutilé !
Gloire aux muets, cachés au harem du Prophète !
Gloire à l’esclave obscur, qui leur livre sa tête,
Du moins en silence immolé !
Le sultan, sous des murs de jaspe et de porphyre,
Jetant à cent beautés un dédaigneux sourire,
Foule la pourpre et l’or, et l’ambre et le corail,
Et de loin, en passant, le peuple peut connaître
Où sont les plaisirs de son maître,
À la tête qui pend aux portes du sérail.
Peuple heureux ! éveillant la révolte hardie,
Parmi ses toits troublés, dans l’ombre, bien souvent
L’inquiet janissaire égare l’incendie
Sur l’aile bruyante du vent.
Peuple heureux ! d’un vizir sa vie est le domaine ;
Un poison, que la mort promène,
Flétrit son rivage infecté ;
L’esclavage le courbe au joug de l’épouvante.
Peuple trois fois heureux ! divins sages qu’on vante,
Il n’a pas votre Liberté !