II

Naguère, de lois affranchis,

Quand la reine des nations

Descendit de la monarchie,

Prostituée aux factions,

On vit, dans ce chaos fétide,

Naître de l’hydre régicide

Un despote, empereur d’un camp.

Telle souvent la mer qui gronde

Dévore une plaine féconde

Et vomit un sombre volcan.

D’abord, troublant du Nil les hautes catacombes,

Il vint, chef populaire, y combattre en courant,

Comme pour insulter des tyrans dans leurs tombes,

Sous sa tente de conquérant. —

Il revint pour régner sur ses compagnons d’armes.

En vain l’auguste France en larmes

Se promettait des jours plus beaux ;

Quand des vieux pharaons il foulait la couronne,

Sourd à tant de néant, ce n’était qu’un grand trône

Qu’il rêvait sur leurs grands tombeaux.

Un sang royal teignit sa pourpre usurpatrice ;

Un guerrier fut frappé par ce guerrier sans foi ;

L’anarchie, à Vincenne, admira son complice,

Au Louvre elle adora son roi.

Il fallut presque un Dieu pour consacrer cet homme.

Le Prêtre-Monarque de Rome

Vint bénir son front menaçant ;

Car, sans doute en secret effrayé de lui-même,

Il voulait recevoir son sanglant diadème

Des mains d’où le pardon descend.

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