I

« Qui de nous, en posant une urne cinéraire,

N’a trouvé quelque ami pleurant sur un cercueil ?

Autour du froid tombeau d’une épouse ou d’un frère,

Qui de nous n’a mené le deuil ? »

— Ainsi sur les malheurs de la France éplorée

Gémissait la Muse sacrée

Qui nous montra le ciel ouvert,

Dans ces chants où, planant sur Rome et sur Palmyre,

Sublime, elle annonçait les douceurs du martyre

Et l’humble bonheur du désert.

Depuis, à nos tyrans rappelant tous leurs crimes,

Et vouant aux remords ces cœurs sans repentirs,

Elle a dit : « En ces temps la France eut des victimes ;

Mais la Vendée eut des martyrs ! »

— Déplorable Vendée, a-t-on séché tes larmes ?

Marches-tu, ceinte de tes armes,

Au premier rang de nos guerriers ?

Si l’honneur, si la foi n’est pas un vain fantôme,

Montre-moi quels palais ont remplacé le chaume

De tes rustiques chevaliers.

Hélas ! tu te souviens des jours de ta misère !

Des flots de sang baignaient tes sillons dévastés,

Et le pied des coursiers n’y foulait de poussière

Que la cendre de tes cités.

Ceux-là qui n’avaient pu te vaincre avec l’épée

Semblaient, dans leur rage trompée,

Implorer l’enfer pour appui ;

Et, roulant sur la plaine en torrents de fumée,

Le vaste embrasement poursuivait ton armée,

Qui ne fuyait que devant lui.

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