II

La Loire vit alors, sur ses plages désertes,

S’assembler les tribus des vengeurs de nos rois,

Peuple qui ne pleurait, fier de ses nobles pertes,

Que sur le trône et sur la croix.

C’étaient quelques vieillards fuyant leurs toits en flammes,

C’étaient des enfants et des femmes,

Suivis d’un reste de héros ;

Au milieu d’eux marchait leur patrie exilée,

Car ils ne laissaient plus qu’une terre peuplée

De cadavres et de bourreaux.

On dit qu’en ce moment, dans un divin délire,

Un vieux prêtre parut parmi ces fiers soldats,

Comme un saint chargé d’ans qui parle du martyre

Aux nobles anges des combats ;

Tranquille, en proclamant de sinistres présages,

Les souvenirs des anciens âges

S’éveillaient dans son cœur glacé ;

Et, racontant le sort qu’ils devaient tous attendre,

La voix de l’avenir semblait se faire entendre

Dans ses discours pleins du passé.

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