II

Ô joie ! ô triomphe ! ô mystère !

Il est né, l’enfant glorieux,

L’ange que promit à la terre

Un martyr partant pour les cieux !

L’avenir voilé se révèle.

Salut à la flamme nouvelle

Qui ranime l’ancien flambeau !

Honneur à ta première aurore,

Ô jeune lys qui viens d’éclore,

Tendre fleur qui sors d’un tombeau !

C’est Dieu qui l’a donné, le Dieu de la prière.

La cloche, balancée aux tours du sanctuaire,

Comme aux jours du repos, y rappelle nos pas.

C’est Dieu qui l’a donné, le Dieu de la victoire ! —

Chez les vieux martyrs de la gloire

Les canons ont tonné, comme au jour des combats.

Ce bruit, si cher à ton oreille,

Joint aux voix des temples bénis,

N’a-t-il donc rien qui te réveille,

Ô toi qui dors à Saint-Denis ?

Lève-toi ! Henri doit te plaire

Au sein du berceau populaire ;

Accours, ô père triomphant !

Enivre sa lèvre trompée,

Et viens voir si ta grande épée

Pèse aux mains du royal enfant.

Hélas ! il est absent, il est au sein des justes.

Sans doute, en ce moment, de ses aïeux augustes

Le cortège vers lui s’avance consolé :

Car il rendit, mourant sous des coups parricides,

Un héros à leurs tombes vides,

Une race de rois à leur trône isolé.

Parmi tous ces nobles fantômes,

Qu’il élève un front couronné,

Qu’il soit fier dans les saints royaumes,

Le père du roi nouveau-né !

Une race longue et sublime

Sort de l’immortelle victime ;

Tel un fleuve mystérieux,

Fils d’un mont frappé du tonnerre,

De son cours fécondant la terre,

Cache sa source dans les cieux.

Honneur au rejeton qui deviendra la tige !

Henri, nouveau Joas, sauvé par un prodige,

À l’ombre de l’autel croîtra vainqueur du sort ;

Un jour, de ses vertus notre France embellie,

À ses sœurs, comme Cornélie,

Dira : Voilà mon fils, c’est mon plus beau trésor.

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