III

Ô toi, de ma pitié profonde

Reçois l’hommage solennel,

Humble objet des regards du monde

Privé du regard paternel !

Puisses-tu, né dans la souffrance,

Et de ta mère et de la France

Consoler la longue douleur !

Que le bras divin t’environne,

Et puisse, ô Bourbon ! la couronne

Pour toi ne pas être un malheur !

Oui, souris, orphelin, aux larmes de ta mère !

Écarte, en te jouant, ce crêpe funéraire

Qui voile ton berceau des couleurs du cercueil ;

Chasse le noir passé qui nous attriste encore ;

Sois à nos yeux comme une aurore !

Rends le jour et la joie à notre ciel en deuil !

Ivre d’espoir, ton roi lui-même,

Consacrant le jour où tu nais,

T’impose, avant le saint baptême,

Le baptême du Béarnais.

La veuve t’offre à l’orpheline ;

Vers toi, conduit par l’héroïne,

Vient ton aïeul en cheveux blancs ;

Et la foule, bruyante et fière,

Se presse à ce Louvre, où naguère,

Muette, elle entrait à pas lents.

Guerriers, peuple, chantez ; Bordeaux, lève ta tête,

Cité qui, la première, aux jours de la conquête,

Rendue aux fleurs de lys, as proclamé ta foi.

Et toi, que le martyr aux combats eût guidée,

Sors de ta douleur, ô Vendée !

Un roi naît pour la France, un soldat naît pour toi.

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