IV

Rattachez la nef à la rive :

La veuve reste parmi nous,

Et de sa patrie adoptive

Le ciel lui semble enfin plus doux.

L’espoir à la France l’enchaîne ;

Aux champs où fut frappé le chêne

Dieu fait croître un frêle roseau.

L’amour retient l’humble colombe ;

Il faut prier sur une tombe,

Il faut veiller sur un berceau.

Dis, qu’irais-tu chercher au lieu qui te vit naître,

Princesse ? Parthénope outrage son vieux maître :

L’étranger, qu’attiraient des bords exempts d’hivers,

Voit Palerme en fureur, voit Messine en alarmes,

Et, plaignant la Sicile en armes,

De ce funèbre éden fuit les sanglantes mers.

Mais que les deux volcans s’éveillent !

Que le souffle du Dieu jaloux

Des sombres géants qui sommeillent

Rallume enfin l’ardent courroux ;

Devant les flots brûlants des laves

Que seront ces hautains esclaves,

Ces chefs d’un jour, ces grands soldats ?

Courage ! ô vous, vainqueurs sublimes ! —

Tandis que vous marchez aux crimes,

La terre tremble sous vos pas !

Reste au sein des français, ô fille de Sicile !

Ne fuis pas, pour des bords d’où le bonheur s’exile,

Une terre où le lys se relève immortel ;

Où du peuple et des rois l’union salutaire

N’est point cet hymen adultère

Du trône et des partis, des camps et de l’autel.

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