I

« Oh ! disaient les peuples du monde,

Les derniers temps sont-ils venus ?

Nos pas, dans une nuit profonde,

Suivent des chemins inconnus.

Où va-t-on ? dans la nuit perfide,

Quel est ce fanal qui nous guide,

Tous courbés sous un bras de fer ?

Est-il propice ? est-il funeste ?

Est-ce la colonne céleste ?

Est-ce une flamme de l’enfer ?

« Les tribus des chefs se divisent ;

Les troupeaux chassent les pasteurs ;

Et les sceptres des rois se brisent

Devant les faisceaux des préteurs.

Les trônes tombent ; l’autel croule ;

Les factions naissent en foule

Sur les bords des deux Océans ;

Et les ambitions serviles,

Qui dormaient comme des reptiles,

Se lèvent comme des géants.

« Ah ! malheur ! nous avons fait gloire,

Hélas ! d’attentats inouïs,

Tels qu’en cherche en vain la mémoire

Dans les siècles évanouis.

Malheur ! tous nos forfaits l’appellent,

Tous les signes nous le révèlent,

Le jour des arrêts solennels.

L’homme est digne enfin des abîmes ;

Et rien ne manque à ses longs crimes

Que les châtiments éternels. »

Le Très-Haut a pris leur défense,

Lorsqu’ils craignaient son abandon ;

L’homme peut épuiser l’offense,

Dieu n’épuise pas le pardon.

Il mène au repentir l’impie ;

Lui-même, pour nous, il expie

L’oubli des lois qu’il nous donna ;

Pour lui seul il reste sévère ;

C’est la victime du Calvaire

Qui fléchit le Dieu du Sina !

Share on Twitter Share on Facebook